Identité
Date de naissance : 08/10/1986
Droitière
Matériel
Revêtement : Target Pro GT H47
Bois : Hinotec Off
Palmarès
Equipe de France
Médaille de bronze par équipe aux ch. D’Europe cadettes – 2000
Equipe de Fance senior de l’age de 17 à 21 ans.
Championne de France universitaire 2006 et 2011
Médaille de bronze par équipe aux Universiades 2007
Vide championne de France en double 2006 et 2007
Médaille de bronze aux championnats de France 2007
Equipe du Cameroun
Championne d’Afrique 2010 – médaille de bronze par équipe 2010
Participation aux Jeux Olympiques de Londres 2012
Médaille d’argent Jeux africains 2019
Qualifiée pour les Jeux Olympiques de Tokyo
3eme place au Top 16 africain 2020
En individuel
Participation à 7 championnats du Monde
Vice-championne de France 2004 et 2005 Pro A
Championne de France par équipe PRO A 2009 2010
2015-2019 : Nationale 1 ASPC Nimes 2 titres de championne de France
Saison 20019/2020 : equipe Pro A ASPC Nimes
Classement mondial avril 2020 n°122
L’interview Team Cornilleau
Comment as-tu démarré le ping ?
J’ai découvert le ping à l’école, je dirais que j’avais huit ans. Ça m’a plu tout de suite et je me suis inscrite dans le club où jouait mon frère, à l’ASPTT de Lille. Et je n’ai jamais arrêté depuis.
Quel a été ton parcours ensuite ?
J’ai joué longtemps à l’ASPTT Lille, une dizaine d’années. A l’âge de douze ans, j’ai eu la chance de rejoindre ce qu’on appelait « le pont chinois ». Il s’agissait d’un programme offrant à certains jeunes, préalablement sélectionnés, la possibilité d’aller s’entraîner pendant six mois en Chine tout en continuant notre cursus scolaire à distance. J’aurais pu enchaîner six mois de plus mais ma mère a souhaité que je puisse suivre ma scolarité en France. Et avec le recul, je pense qu’elle a bien fait. Je suis donc retournée à Lille, et l’année d’après, j’intègre le CREPS Nord-Pas-de-Calais. J’y reste deux ans, dans un cursus sport-études, puis direction l’INSEP. Je finis par quitter l’INSEP au bout de trois ans, car L’intégration du groupe France Promotion n’était pas compatible avec mon projet universitaire (Faculté de droit). Or, c’est un point sur lequel je ne souhaitais pas transiger. Je suis donc retournée à Lille pendant deux ans. Puis je suis revenue à l’INSEP deux ans plus tard avec la possibilité de poursuivre mes études de droit à l’université Paris 5. J’ai suivi mon cursus classiquement en étant simplement dispensée des travaux dirigés.
J’y reste deux ans à nouveau et progresse bien. J’étais à l’époque sélectionnée dans les équipes de France sénior.
Puis tu fais un choix fort, de miser davantage sur tes études ?
En 2007, j’ai mené une réflexion assez profonde sur mon avenir. Le décès de mon coach à Lille, qui était comme un père pour moi m’a bouleversé et, avec le recul, a surement été à la base de ce questionnement. Je me suis rendu compte que j’avais le niveau pour mener une carrière à un niveau national mais j’avais également conscience que je ne serai jamais championne du monde. Être dans les meilleures européennes était déjà un objectif extrêmement difficile à atteindre. Par ailleurs, depuis toute jeune, j’avais le projet d’être avocate. C’est à cette période que j’ai donc fait le choix de renoncer à l’équipe de France et de ne pas tenter la qualification pour les JO 2008, qui m’aurait certainement pris trop de temps pour que je puisse réussir mes études en parallèle. Néanmoins, j’ai toujours continué ma carrière en club, et avec un certain succès puisqu’avec Evreux, nous gagnons le championnat de France deux années de suite en 2009 et en 2010. Ensuite, je finis ma thèse et pars faire Saint-Cyr (école militaire) et je reste cinq années dans l’armée, en tant qu’officier sous contrat. J’y travaillais dans le domaine juridique. Après cela, je reprends mes études, pour faire une école d’avocat, tout en restant réserviste. Aujourd’hui, j’ai ouvert mon cabinet et en suis très heureuse. Je n’ai jamais arrêté le ping mais il y a eu des périodes où, forcément, je jouais moins. A partir de 2010, j’évolue en National dans différents clubs et j’ai même fait une pige en Pro cette année avec Nîmes.
Finalement, tu vas tout de même participer aux J.O de Tokyo ?
En effet, je défendrai les couleurs du Cameroun aux J.O de Tokyo. Je représente le Cameroun depuis 2010. Cela s’est fait aux grés de rencontres, notamment avec la fédération. C’est vrai que j’ai joué pour les équipes de France en jeune, mais ma double culture et ma double nationalité m’ont donné envie de défendre le Cameroun. C’est une très belle expérience les J.O, le village olympique, les échanges avec tous les athlètes, mais c’est surtout le chemin de la qualification qui me fait vibrer. Sentir la fierté des gens, qu’on apporte du bonheur à ses compatriotes en amenant son pays aux J.O, c’est vraiment quelque chose d’exceptionnel. C’est un partage d’émotion vraiment intense.
Tu as créé l’association Ping Sans Frontières, peux-tu nous en parler ?
J’ai eu la chance de participer aux Jeux de la Francophonie à Niamey (Niger) en 2005. Là-bas, je fais de très belles rencontres et suis confrontée aux conditions de vie très difficile de la population. Je me suis rendu compte de la chance que j’avais, et voyant l’association de Jean Galfione sur place qui menait un travail de fond auprès des jeunes, cela m’a inspiré. C’est à ce moment que l’idée a germé. L’année d’après, Ping Sans Frontières voyait le jour avec l’aide de mes amis Laurie Phai Pang et Christophe Bertin. Nous avons tout de suite eu des parrains exemplaires avec Christophe Legoût et Carole Grundisch, avec qui je suis amie. Au début, nous apportions une aide matérielle pour que les jeunes puissent jouer au ping dans les pays en difficulté et qu’ils aient la chance d’avoir une éducation qui intègre les valeurs sportives. Cela a ensuite évolué, car maintenant nous essayons de former au maximum les gens sur place pour qu’ils soient en mesure de jouer un rôle d’éducateurs sportifs, voire d’éducateurs tout court. Nous sommes aujourd’hui présents dans 15 pays, en Afrique mais aussi en Amérique Centrale. Je suis heureuse de l’évolution de l’association, car je trouve que nous progressons bien. Nous sommes 7 bénévoles impliqués et avons de nombreux relais locaux. Je suis convaincue, et le succès de l’association va dans ce sens, que le sport est un formidable outil qui peut changer des vies.
Tu as une carrière dans le ping, tu es présidente de Ping Sans Frontières et tu as ton propre cabinet d’avocat. Comment fais-tu pour réussir à tout concilier ?
C’est vraiment une question d’organisation, de gestion de mon emploi du temps et de discipline. J’ai un planning et je m’y tiens. Côté ping, il y a des périodes pendant lesquelles je ne vais pas à la salle mais je continue de m’entretenir physiquement tous les jours. Je me lève assez tôt le matin pour avoir le temps d’effectuer une séance avant d’aller travailler. A l’approche des compétitions, je reprends un entraînement plus spécifique, avec plus de jeu. Je cale mes entraînements de ping après mes journées de travail. Ping Sans Frontières, je m’en occupe dès que possible. Cela peut être sur ma pause déjeuner ou le week-end, et je prends des congés pour pouvoir me rendre sur le terrain pour l’association. Je profite de chaque moment pour faire avancer mes projets de tout type et je pense que le fait d’avoir dû très jeune organiser mon emploi du temps afin de concilier études et sport de haut niveau m’aide beaucoup aujourd’hui. Mon expérience militaire aussi a certainement contribué à m’aider à savoir bien m’organiser.
On peut dire que le ping t’a apporté énormément de choses, d’un point de vue personnel ?
C’est le moins qu’on puisse dire. Le ping a littéralement changé ma vie et façonné ma personnalité. J’ai beaucoup d’amis proches qui viennent du ping, j’ai été accompagnée par des éducateurs exceptionnels. Le tennis de table est un sport qui incarne de très belles valeurs. J’ai acquis grâce à lui une grande rigueur, une capacité à m’organiser pour gérer le sport et mon parcours scolaire. Ça a été pour moi une formidable école de la vie. Le ping m’a aussi beaucoup ouvert l’esprit. Je ne serais pas la personne que je suis actuellement sans le tennis de table. J’ai beaucoup voyagé grâce au ping et découvert des cultures différentes. Je crois que je n’arrêterais jamais de le pratiquer. Je ne pense pas que j’entraînerai de manière « classique », dans un club, mais j’aime particulièrement transmettre à des publics en difficultés, ce que me permet l’association.
Revenons à ton jeu, quel type de joueuse es-tu ?
J’ai toujours été très offensive. Avec l’âge, j’ai amélioré ma gestion des matchs, ma tactique. Je suis plutôt puissante, mais la façon de jouer a beaucoup évolué, notamment avec des jeux davantage en vitesse.
As-tu un coup favori ?
J’aime bien passer en pivot pour un placer un coup terminal. C’est assez physique et c’est de plus en plus dur mais j’y parviens encore de temps en temps.
Quels sont les moments les plus marquants de ta carrière ?
Il y a plusieurs souvenirs assez forts que je garde en mémoire. D’abord, je pense à la médaille de bronze obtenue en 2000 avec la France lors des championnats d’Europe en cadette 2. Cela a été la base de beaucoup de choses pour moi et m’a donné la confiance nécessaire pour aller plus loin. De belles amitiés sont nées de cette période. Gagner deux fois le championnat de France avec Evreux en 2009 et en 2010, ça reste aussi un super souvenir A titre individuel, En 2010, j’ai vécu autre chose de très fort : je deviens championne d’Afrique au Cameroun. C’était un moment unique, il y avait une telle ferveur. Et bien sûr la participation aux JO de Londres reste une expérience extraordinaire.